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Oyez bonnes gens...

Je ne peux mieux résumer le sentiment qui se partage peu à peu dans notre bon pays que par cette très juste fable :

LE VILLAGEOIS ET LE SERPENT

Esope conte qu’un Manant,

Charitable autant que peu sage,

Un jour d’hiver se promenant

A l’entour de son héritage,

Aperçut un Serpent sur la neige étendu,

Transi, gelé, perclus, immobile rendu,

N’ayant pas à vivre un quart d’heure.

Le Villageois le prend, l’emporte en sa demeure;

Et, sans considérer quel sera le loyer

D’une action de ce mérite,

Il l’étend le long du foyer,

Le réchauffe, le ressuscite.

L’animal engourdi sent à peine le chaud,

Que l’âme lui revient avecque la colère.

Il lève un peu la tête et puis siffle aussitôt,

Puis fait un long repli, puis tâche à faire un saut

Contre son bienfaiteur, son sauveur, et son père.

Ingrat, dit le Manant, voilà donc mon salaire ?

Tu mourras. A ces mots, plein d’un juste courroux,

Il vous prend sa cognée, il vous tranche la bête;

Il fait trois serpents de deux coups,

Un tronçon, la queue et la tête.

L’animal sautillant, cherche à se réunir,

Mais il ne put y parvenir.

Il est bon d’être charitable,

Mais envers qui ? c’est là le point.

Quant aux ingrats, il n’en est point

Qui ne meure enfin misérable.

Septembre 2014

Michel d'aoste