La nostalgie...

Lorsque l'on pose la question : "Si vous aviez une machine à voyager dans le temps, préfériez vous vivre dans le passé ou le futur ? " ce qui a été fait dernièrement dans un sondage BVA, la majorité des gens préferaient retourner dans la passé...et ce , même pour les jeunes de moins de 35 ans...

C'est vrai que, tant dans la mode que dans les manifestations culturelles, ( il n'y a qu'à voir le succès de la tournées musicale "âge tendre" ou "Salut les copains", ou des remakes de films anciens à ne plus en finir (Les Misérables par exemple) on a vraiment l'impression que la créativité est au point mort , et que l'imaginaire fait défaut en notre époque..Celle du 21 ème siècle quand même, celle qui nous suggérait de porter notre regard vers les étoiles, celle qui devrait nous permettre d'enjamber enfin les bords de notre berceau terrestre... Pour aller explorer un environnement beaucoup plus vaste et plein de promesse d'aventures passionnantes ...

Mais non, au lieu de cet esprit de conquête, de dépassement de nos limites, voici que les tenants et afficionnados de la décroissance qui ont maintenant une tribune dans les médias, prônent le retour à la bougie , des couches à laver, de la voiture à cheval et de la brouette, tel est leur rêve :

Revenir à la chaumière en torchis, assis devant le pas de leur porte, dans une sorte de cocooning bien illusoire... Certes, c'est bien l'image bucolique d'un tableau de Monet, ou de l'affiche qui figurait alors sur nos boîtes de gâteaux d'antan..

Et il faut reconnaitre qu'elle évoquait la rassurante image du foyer sweet home...

Seulement voilà, ces gens là ont oublié les pénibilités d'antan, le travail harassant des femmes à la maison, l'inquiétante incertitude des pandémies comme celles de la peste et du choléra ou de la grippe espagnole, l'incertitude de la vieillesse où le coprs usé par les travaux physiques n'en pouvait plus... Ils ont oublié les conditions d'existence des pauvres, tant dans le XIX siècle qu'au moyen âge...Leurs conditions sociétales également...

Même dans la vie intime individuelle, on sublime la recherche du premier amour pour qu'il revienne s'installer dans le présent d'une vie dépourvue de passion... Mais ont t'ils oublié que, ce qui fait le charme d'un premier amour, c'est justement de ne pas savoir qu'il finira un jour dans la plupart des cas ?

A cela, vient s'ajouter l'ambition "démesurée" des parents qui poussent leurs enfants à devenir des fonctionnaires bien rassurés dans leurs statuts, pour qu'ils n'aient pas à affronter les risques de la vie et de son aventure...et le pire dans tout cela, c'est que cette jeunesse, angoissée à regarder un monde qui évolue à grande vitesse, recèle environ 80 % d'entre eux qui n'aspirent qu'à une chose : devenir commis de l'Etat...

Certes il en faut dans pas mal de domaines, c'est nécessaire, mais que cette optique de vie et de statut représente les trois quart des rèves de vie, voilà qui est très inquiétant...

Ainsi, voici l'ambition et l'esprit d'aventure et de progrès :

Passer du cocon familial à celui de l'education nationale, puis à celui de l'université, pour finir dans le cocon rassurant de maman Etat... jusqu'à la mort...

Heureusement il en resterait bien une vingtaine de pourcents, qui chercheraient à s'intégrer dans le mouvement de la vie, dans la découverte de la vie et de leurs propres potentialités, prêts à aller chercher l'aventure et le progrès, mais tout est fait pour qu'ils aillent le faire sous des cieux plus cléments à l'esprit de liberté et d'accomplissement de soi...

Nos teenagers et nos trentenaires ont peur du futur et se claquemurent dans le passé..

La nostalgie est à ce point ressassée, qu'elle devient pesante, moisie, elle empêche l'innovation, bride les jeunes aventuriers et créateurs et alimente chaque jour le défaitisme économique de ce pays... Paradoxalement , selon l'enquête, ce sont les plus âgés qui rêvent le plus du futur et qui ont foi en celui ci... Sans doute parce qu'ils gardent en mêmoire une réalité qu'ils ont trop bien connue pour pouvoir l'enjoliver... Ce qui serait déjà une explication logique de cette différence entre les anciens et les jeunes...

Alors je me le demande, et je vous le demande aussi, comment ce pays, la France, pourrait elle aller de l'avant en tournant le dos à l'avenir ???

C'est vraiment une bonne question à se poser...et j'ai peur d'y repondre :

"Oui , comment donc ? "... Où sont donc passés nos découvreurs, nos jean Bart et nos F. de Lesseps ? Nos André Citroen ? nos Lavoisier ? nos Cousteau ? nos Pasteur, nos Cartier , nos Mermoz ?

Telle est ma reflexion de ce mois de février 2013... puisque ma fonction me permet d'observer directement bien des pans de notre société...

Michel d'Aoste